Construction
d'une antenne omnidirectionnelle
à fentes pour la bande 23 cm
Généralités
Pour
équiper notre relais de télévision amateur
en construction, nous avons besoin, compte
tenu de la localisation du site d'émission
possible et de la zone à couvrir, d'une antenne
possédant les caractéristiques suivantes:
-
fonctionnement dans la bande 1240 -
1270 MHz
- polarisation horizontale
- diagramme de rayonnement omnidirectionnel
- gain le plus élevé possible.....
- réalisation possible avec des moyens
amateurs
Notre première démarche fut d'examiner
ce qui se faisait dans le domaine professionnel
de la télédiffusion où les problèmes à résoudre
sont similaires (la facilité de construction
se pose en termes différents). En télédiffusion,
on utilise beaucoup les antennes à quatre
panneaux couplés et, dans les grandes stations,
des antennes à fentes dites "superturnstile"
ou "batwing". Une visite sur le
site de Kathrein
nous apprend que ces dernières, pour la bande
470-862 MHz, peuvent donner jusqu'à 16 dB
de gain - très intéressant - mais mesurer
pour ces assemblages à 16 étages ou "bays"
18 m de haut et présenter une masse de quelques
3600 kg !
La page catalogue UHF de Kathrein: www.kathrein.de/de/bca/produkte/download/as_band45.pdf
( 88 ko).
Leur conception où tout est à la masse leur
confère une résistance exceptionnelle aux
décharges atmosphériques; la tenue au vent
est excellente. Malheureusement leurs systèmes
d'alimentation, tant pour les panneaux couplés
que pour les "superturnstile", reposent
sur de nombreuses lignes aux longueurs définies
pour obtenir des déphasages précis. Le travail
de mise au point n'est pas négligeable et
la construction plutôt complexe avec des moyens
amateurs.
Notre choix:
Une recherche sur l'Internet (merci à Alain, F1JFP pour sa recherche
documentaire) nous apprend que deux amateurs allemands DK 3 BA et
DG 8 SG ont construit en 1991 une antenne aux caractéristiques souhaitées
et qu'une description en a été donnée cette année là dans UKW Berichte
/ VHF Communications. Par bonheur, le texte de l'article est téléchargeable
et un petit logiciel est fourni pour adapter les dimensions de l'antenne
en fonction de besoins précis.
Le site OM allemand où l'on peut télécharger la description originale
et le logiciel de calcul est le suivant: http://www.uni-duisburg.de/FB9/HFT/homepage/amateurfunk/amateurfunk.html
Nous opterons pour une antenne à
8 paires de fentes, avec dans notre cas précis
une fréquence centrale d'utilisation de 1255
MHz. La partie inférieure du guide, proche
du connecteur d'alimentation, est réduite
par rapport au modèle original pour limiter
la longueur hors-tout de l'antenne. On trouveras
ci-dessous un croquis côté de la réalisation:

Le fait d'augmenter le nombre de paires de fentes rayonnantes
augmente le gain, mais diminue la bande passante. L'ensemble constitue
en fait un interféromètre au comportement dispersif: un changement
de fréquence, par exemple par une modulation à grande excursion, produit
un dépointage de l'antenne au rythme de la modulation et donc une
modulation d'amplitude parasite à la réception. Ce phénomène est bien
décrit dans le papier de lecture facile présenté à un symposium de
l'IEEE en 1998 par Shively Labs:
http://www.shively.com/tb-uhf_antenna_choices.pdf
Huit paires de fentes paraissent
réaliser un compromis convenable entre le
gain prévu de 8,4 dBd, la bande passante de
78 MHz pour un ROS < 2 et la hauteur de
l'antenne de 1,82 m. Avec 8 paires de fentes,
le phénomène décrit plus haut est négligeable.
Une astuce
de construction:
L'énergie radiofréquence est en
fait transmise dans un guide d'onde de section
rectangulaire disposant de fentes rayonnantes.
Le problème mécanique à résoudre est donc
de construire un tel guide. La solution employée
par DK 3 BA et DG 8 SG consiste à utiliser
un profilé normalisé de dimensions les plus
proches possibles des dimensions optimales.
Outre qu'il ne s'agit que d'une approximation
pouvant nuire à l'omnidirectionnalité, quelques
recherches ont rapidement montré que l'achat
d'un tel profilé n'était pas chose simple.
L'ouvrage "Microwave Transmission
Design Data" de Theodore Moreno (Dover
Publications Inc, NY, 1948) nous fournit une
piste intéressante en nous présentant une
cartographie des lignes de courant dans (sur)
les parois d'un guide exploité dans le mode TE10 (c'est notre cas):

La partie supérieure du diagramme
représente le côté large du guide, la partie
inférieure, sa hauteur. Pour une bonne propagation
de l'onde guidée, il est essentiel de ne pas
couper de ligne de courant. On en déduit qu'une
coupure pratiquée sur toute la longueur, au
milieu exact de la face large, n'introduit
aucun désordre. Les choses se passent sans
doute beaucoup plus mal si l'on pratique des
coupures longitudinales dans la hauteur ou
dans les angles..... L'ouverture de fentes
vient certainement troubler un peu la distribution
des courants, mais l'expérience montre que
l'effet en est négligeable.
Dès lors, les problèmes de construction
sont considérablement simplifiés. Il suffit
de plier en U deux tôles et, après réalisation
des fentes, de les assembler pour former le
guide, sans grandes précautions car le courant
est nul à la jonction entre les deux U.
Quelques photographies valent mieux
qu'un long discours:
La réalisation:
réalisation Gérard F9YA, avec l'aide
de Christian F4CJM pour les pliages:
(cliquer pour agrandir)

De l'aluminium adhésif, du type
de celui utilisé par les spécialistes en climatisation
et conditionnement d'air, assure l'assemblage
des deux "U". Il est disponible
en rouleaux dans de nombreux magasins de bricolage
et possède vraisemblablement une excellente
tenue dans le temps.
Le dispositif d'illumination du
guide est réalisé en laiton, puis argenté:

La protection finale contre les
intempéries peut être assurée de diverses
manières:
- introduction du guide dans un tube PVC de
diamètre 200 mm, mais il faut bien vérifier
la transparence du PVC par un test au four
micro-ondes
- obturation des fentes par un matériau fin,
transparent à la RF et non hydrophile
- introduction de l'antenne dans un sac polyéthylène
résistant aux UV (sac poubelle spécial gravats)
Caractérisation:
Pour la mesure du ROS, un coupleur
directif est disposé dans le câble de liaison,
puis l'antenne est wobulée avec une fréquence
centrale de 1260 MHz. Le ROS est < 1,2
entre 1230 MHz et 1278 MHz (return losses
> 20dB):

Pour la mesure du diagramme de rayonnement
dans le plan horizontal on disposera l'antenne
loin de tout obstacle. On connectera un générateur
RF réglé sur 1255 MHz avec une puissance d'environ
1 mW au connecteur N de l'antenne. La réception
se fera à une vingtaine de mètres au moyen
d'une petite antenne "express-pizza" et d'un analyseur de spectre
réglé pour une sensibilité de 2dB/division.

On fera alors tourner l'antenne
à caractériser sur son support en notant les
variations de niveaux en fonction des angles
de rotation. Le résultat est excellent: le
niveau reçu ne varie pas plus de +/- 1 dB
par rapport au niveau moyen et est donc en
tous points conforme aux attentes.

Attention: Pour les mesures, et
plus tard lors de la mise en exploitation,
il est indispensable de disposer l'antenne
parfaitement verticale et de contrôler sa
verticalité au moyen d'un fil à plomb. En
effet, l'antenne produit un pinceau très fin
visant l'horizon. Si l'antenne n'est pas parfaitement
verticale les mesures de diagramme de rayonnement
seront perturbées et on risquera plus tard
de ne pas être reçu par ses correspondants.
La mesure du gain relatif par rapport
au dipôle n'a pu être réalisée avec la même
rigueur, par manque de qualité du dipôle de
référence utilisé. Néanmoins le gain relatif
a pu être évalué entre 7 et 9 dBd, c'est à
dire conforme aux attentes. La mesure du diagramme
de rayonnement dans le plan vertical est plus
complexe et n'a pas été réalisée.
Conclusion:
Une excellente antenne omnidirectionnelle
à gain, pas très compliquée à réaliser, et
qui ne devrait pas décevoir les amateurs les
plus exigeants.
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